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Ennahdha et les mères célibataires

Publié par Karim Abdellatif sur 10 Octobre 2011, 21:11pm

Catégories : #articles

Ennahdha et les mères célibataires

 روي عن الإمام مالك أنه كان یقول : لا تنظروا في ذنوب الناس كأنكم أرباب وانظروا إلى ذنوبكم كأنكم عبید فارحموا أهل البلاء... واحمدوا لله على العافیة وإیاك أن تقول : هذا من أهل النار... وهذا من أهل الجنة... لا تتكبر على أهل المعصیة... بل ادع لله لهم بالهدایة والرشاد.

Sur les ondes de la chaîne de radio Monté Carlo Eddouwalya, Souad Abderrahim, pharmacienne et élue d'Ennahdha (Tunis 2) a tenu des propos indignes au sujet des mères célibataires :
 
« Les mères célibataires sont une infamie pour la société tunisienne. Éthiquement, les mères célibataires n’ont pas le droit d’exister. [...] J’ai honte des autres pays arabes quand je vois un peuple arabo-musulman essayant de justifier des femmes qui ont péché ! […] Les mères célibataires ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits. […] Il n’y a pas de place pour une liberté intégrale ou absolue. »
 
Ces propos s’inscrivent dans la droite ligne des propos tenus par Rached Ghannouchi il y a quelques temps. En effet, après les élections du 23 octobre 2011, le leader du parti islamiste a effectué deux actes dont la portée est hautement symbolique : il s’est d’abord rendu à la Bourse de Tunis pour rassurer les investisseurs, puis il a annoncé, quelques jours plus tard, qu’il voulait mettre un terme à l'institution de l’adoption en vigueur en Tunisie. Il n’a pu s’empêcher de qualifier au passage les enfants abandonnés de « laqit » (bâtards). L’histoire retiendra que celui que l’on qualifie de Cheikh a veillé à tranquilliser les puissants – les hommes d’affaire – et s’est attaqué aux plus faibles : ceux qui n’avaient même pas de parents pour les défendre.
 
Ennahdha la libérale, prône l’économie de marché comme si Adam Smith, fondateur du libéralisme, était un nouveau prophète du Livre. Dans le même temps, elle rejette viscéralement des personnes déjà mises au ban de la société et elle les stigmatise encore plus.
 
Loin de moi l’idée de promouvoir le phénomène des mères célibataires (qui est d’ailleurs aussi ancien que le monde : penser à Marie, la mère de Jésus, et à Leila Trabelsi qu'on applaudissait encore chaudement il y a peu, etc.) En revanche, je pense qu’il est nécessaire que l’état vienne en aide à ces femmes – nos concitoyennes – rejetées par une société bienpensante et devant subvenir seules aux besoins de leur enfant.
 
Ces mères vivent dans une détresse sociale et morale et le fait de les montrer du doigt ne résoudra rien, n'en déplaise à Souad Abderrahim. Le nombre des relations hors-mariage ne diminuera pas car c’est une réalité qui a hélas toujours existé (et cela même au temps du prophète Mouhammed) et qui ne cessera d’exister. C’est aussi une réalité qui touche toutes les classes sociales : les pauvres comme les riches, voire même les « religieux ». J’ai souvenir d’un couple de jeunes religieux non mariés – un homme barbu et une jeune femme voilée – qui sont venus au service de gynécologie de Nabeul pour une interruption volontaire de grossesse. L’homme a présenté sa maîtresse en ces termes : « أختي في الدین » (ma soeur en
religion).
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