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La Tunisie et le monde...


Arabisons !

Publié par Karim Abdellatif sur 7 Novembre 2014, 15:34pm

Catégories : #articles

Arabisons !

Si nous reculons sur notre langue, nous serons emportés purement et simplement. C’est à travers notre langue que nous existons dans le monde autrement que comme un pays parmi les autres.

Georges Pompidou

Pour une arabisation complète de l’enseignement universitaire… Ma langue maternelle n’est pas l’arabe, mais le français (Je n’ai en fait appris l’arabe tunisien qu’à mes quatre ans, quand ma famille s’est installée définitivement en Tunisie). Contrairement à la grande majorité des gens de mon entourage et de ce qu’il est convenu d’appeler ma « classe sociale », j’ai toujours - aussi loin que je m’en souvienne – défendu l’arabisation de l’enseignement en Tunisie.

Mon principal argument : un peuple qui ne pense pas et ne s’exprime pas dans sa langue est un peuple sous-développé. Le contre-argument qui voudrait que l’arabe soit une langue inadaptée à la transmission de la science ne mérite même pas qu’on s’y attarde, tellement il est absurde.

La grande difficulté sera, à mon sens, de former des enseignants universitaires à l’aise avec l’arabe littéraire. Mon père a participé dans les années 1970 à des manifestations pour l’arabisation du « Droit » et ces mouvements ont été couronnés de succès ; ce qui a permis aux plaignants et aux accusés de comprendre ce que disent l’avocat et le juge dans les tribunaux.

L’état intellectuel des Tunisiens est déplorable : l’Etat y est pour beaucoup, mais aussi les intellectuels tunisiens… Je ne rejette pas entièrement la faute sur ces derniers, mais sur un système qui a essentiellement fabriqué des « intellectuels tunisiens de langue française » (cherchez l’erreur !). Quand un ouvrage universitaire d’économie tunisienne paraît, il l’est généralement en français. Pareil pour la sociologie, la médecine, etc.

Les Tunisiens ne lisent déjà pas beaucoup, mais si on leur propose essentiellement des ouvrages dans la langue de Molière (et je pense à des ouvrages de vulgarisation basés sur des ouvrages plus académiques), ils auront encore moins de chance de s’y intéresser. Ne comprenez pas mon propos de travers ! Redonner à l’arabe la place qui lui revient ne signifie pas à mon sens, se replier sur soi. Au contraire, il faut que les « langues O’ » (langues occidentales) et les autres langues (tamazight, turc, etc.) soient enseignées et encouragées. L’arabe dialectal qui est utilisé dans la vie de tous les jours, ainsi que dans le cinéma, le théâtre, la publicité, etc. doit être reconnu, codifié et enseigné.

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